Conte de fée 1/2
Quand je serai grande, je serai conteuse...
Ça m’a pris comme ça : j’ai convoqué Julien et Vladimir dans mon bureau… Je veux dire que je suis allée dans ma bibliothèque et que j’ai pris les ouvrages mentionnant le schéma actanciel de Mr Greimas et les fonctions de Mr Propp. Et j’ai tenté l’écriture d’un conte.
Voyons, je crois que j’ai tous les éléments. La formule de départ incontournable : il était une fois. J’ai une héroïne, les auxiliaires, un objet du désir, des objets magiques.
Il n’y a pas de raison : je devrais savoir écrire un conte ! C’est parti !
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Il était une fois une princesse, la plus belle qu’on eut jamais vue, j’ai nommé la grande gamine [ hé, oh : j’ai le droit.]
Cette très très belle princesse fit un rêve : une fée lui souffla ces quelques mots.
" Ton pays compte sur toi. T’as vu ton âge ? Il est temps d’y songer : l'Église ou les économistes [Ah oui. Alors là, je vous laisse deux possibilités pour que vous adoptiez celle qui vous convient le mieux]. Donc, l'Église ou les économistes t’en font l’injonction : tu dois te reproduire. Et comme le clonage n’est pas encore entré dans toutes les chaumières, il n’y a que le mariage (et pas pour tous !) pour y arriver. Tu partiras donc à la recherche du prince. "
Bon, et bien, j’ai du pain sur la planche. Vite, mon cheval ! Je prends lequel : le blanc ou le marron ?
Après de longues chevauchées, fort fatigantes, la grande gamine arriva près d’une fontaine.
Elle y rencontra une bonne fée marraine qui lui indiqua que le prince de la contrée avait été transformé en créature surnaturelle. Il faudrait traverser la forêt pour le trouver. Un baiser le délivrerait de ce mauvais sort. Elle précisa qu’on ne pouvait se tromper : le prince enchanté répétait à tout bout de champ (… ou de chants ?) " Ouille, dans cette transformation, j’en ai perdu…ma bouille ! "
La grande gamine, belle princesse, reprit ses chevauchées fantastiques. Enfin, pas trop car en sous-bois, elle se prit énormément de branches dans la tronche. Elle adopta un pas plus calme.
Soudain, un homme rouge surgit.
" Tu ne passeras pas. Il faut m’embrasser ou me donner le diamant. "
L’embrasser ? Vraiment ? Euh, même s’il a la parole magique, je me tâte.
" Et si je refuse ?
- Tu ne seras point féconde, réduite à l’état de vagabonde dans ce monde. "
Ah… ça donne à réfléchir. Je vais lui trouver son diamant.
La grande gamine reprit le cheminement de son esprit et celui dans la nature hostile, ne sachant où se diriger.
[Je rappelle qu’à cette époque, le GPS, ni le téléphone portable… de toute façon, il n’y aurait pas eu de réseau dans cette contrée lointaine.]
Soudain, la grande gamine se trouva nez à nez avec un esprit du bois.
Elle lui exposa succinctement les faits : l’injonction de se reproduire avec un être actuellement ensorcelé mais qui une fois embrassé, se révélerait l’être le plus charmant, le plus prévenant et le plus fécond de la région. Mais avant, elle devait donner le diamant à l’homme rouge.
" Tiens, le voilà. Quant au prince que tu cherches, il a l’apparence d’une grenouille. L’homme rouge t’indiquera où le trouver. "
La grande gamine chevaucha en sens inverse. [Fait suer ! Il ne pouvait pas se déplacer le rougeaud ?]
" Tiens, voilà ton diamant. Elle est où la grenouille que je dois galocher ? "
L’homme rouge lui indiqua la frêle bête. Ah...
La belle s’exécuta. Elle embrassa la grenouille à pleine bouche malgré le dégoût que cela lui inspirait.
" T’es transformé là ?
Y’aura pas mieux ?Je veux dire côté apparence humaine ? Parce que moi, je rêvais plutôt de ça :
Allez, montre- moi ton château, je suis raisonnable : on ne peut pas tout avoir. Si l’habitat est en bon état, la fripouille peut bien être grenouille !
Quoi, c’est ça ton château ? Tu te fous de moi ? Mais c'est en ruines... Pas question : je me casse, je quitte le foyer conjugal. "
A suivre…