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La grande gamine ou la vie du bon côté
13 juin 2015

Une ablation

Alors ça, c'est bas. Vraiment petit.
Je sais bien que nous ne faisions qu'un, que nous faisions corps mais parler d'ablation pour ce porte-à-cathéter, ça passe mal...

On me l'a posé. Donc on me le dépose.
" Dépose du porte-à-cath ", et pas " ablation du porte-à-cath ", non mais ! Je ne suis pas d'accord pour qu'il ait le même traitement que mes propres organes. Pas question ! Je ne l'ai jamais aimé de toute façon.

Ça tombe bien, on me le retire. Petite douche à la Bétadine ; je suis jaune et je pue ! Enfilage de la tenue réglementaire (Waouh ! Maintenant, il y a même la petite culotte) Je m'y reprends à deux fois pour la mettre :
" Ah, non, elle n'était pas à l'envers. C'est difforme puis c'est tout, cette taille unique. "

4ème descente au bloc. Des têtes d'infirmières, de chirurgiens reconnues au passage depuis mon brancard. C'est l'usine avec ces brancards chargés d'êtres en tunique de papier et charlotte qui attendent dans le couloir et tout ce monde, entrant et sortant. Parfois deux brancards se heurtent... Les infirmiers plaisantent entre eux. Une personne pousse mon brancard. Puis une seconde. La progression dans le long couloir se fait en plsuieurs étapes. On me pose dans un coin. Une troisième vient me chercher.
" Vous êtes bien la grande gamine ?
- Oui, oui..." Il ne faudrait pas faire d'erreur.

Je n'ai même plus peur. J'ai eu peur les jours d'avant, mais plus maintenant : je veux en finir avec tout cela. Les infirmières sont sympas. Très attachantes d'ailleurs : elles me sanglent sur la table d'opération si étroite.  

" Vous avez raison, je ne voudrais pas tomber en plus...
- Nous non plus, on ne voudrait pas que vous tombiez. " Faute professionnelle et le cahier des charges de la qualité en prendrait un coup !

" Nous allons nous servir une dernière fois du porte-à-cath pour injecter le produit anesthésiant, puis le chirurgien vous le retirera. "

Je ne vais pas rater l'occasion de le voir ce truc qui m'a accompagné quatre année durant et que je n'ai jamais vu.
" Dites, vous pourrez me le montrer ?
- Oui bien sûr."

Un drap pour cacher mon visage (dommage, j'aurais bien voulu voir !), je reste consciente : je sens tout. Ce n'est pas douloureux mais je sens tout. L'injection dans le porte-à-cath (mince, j'avais oublié ce que cela était) ; l'incision ; la recherche dans ma chair et la traction hors de mon corps. Voilà, c'est fait ! Je sens aussi la couture de fin. Dix minutes dans cette salle.

On retire le drap.
" Regardez votre porte-à-cath. " Mon Dieu, c'est énorme ! Je ne le voyais pas si gros... Adieu ! Sans regret...

En salle de réveil, je suis bien. Je regarde autour de moi. Voilà : un poids de moins dans la poitrine ! Une nouvelle vie ; une page se tourne.

C'est la dernière fois que je viens ici, j'espère. Alors, je regarde tout, vraiment tout ce qui autour de moi. Et je commence à poser des questions à l'infirmière qui est là parce que j'aime comprendre.

" Ça sert à quoi, ça ?... et ceci ? "

Je n'ai pas le temps de poser beaucoup de questions.
" La grande gamine est bien réveillée ; on va la faire remonter dans sa chambre."

Zut ! J'avais encore plein de questions à poser, moi. Mais je crois que cela les a déstabilisé. Ils n'ont pas l'habitude que les patients soient bavards et qu'ils posent tant de questions.

Le brancardier me reprend en charge dans un fauteuil roulant. Il discute avec ses collègues : ça râle, ça proteste, ça se chamaille. C'est drôle : de mes quatre voyages ici, j'ai vu des brancardiers différents mais toujours la même insatisfaction...

Moi, je m'en fous : c'est fini, je sors de tout ce merdier. Alors je souris. Et je suis si belle quand je souris, je suis rayonnante. Heureuse !

Une infirmière s'étonne de mon air réjoui : 
" Mais qu'est ce qu'ils lui ont fait ? , demande t'elle au brancardier.
- Ablation du porte-à-cath.
- Ah, c'est pour cela. "

Mais elle me regarde bien ; elle n'en revient pas. Il semblerait que la grande gamine réagisse très bien à l'anesthésie et que son optimiste prend (toujours) le dessus. Je suis en vie !

" Vu votre état, dans une heure et demie, ils vous laissent sortir. "

Mais j'y compte bien... Il fait si beau dehors : je veux profiter de mon jardin...

 

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Commentaires
V
Te voilà plus légère et la légèreté d'esprit, c'est un peu ta marque de fabrication, non ?<br /> <br /> Bizzzz
Répondre
La grande gamine ou la vie du bon côté
  • C'est l'histoire d'une grande gamine qui sort d'un cancer et qui a décidé de ne voir la vie que du bon côté. Elle écrit et photographie (comme vous et moi). Bavardages délirants ou coups de gueule sérieux mais toujours dans la bonne humeur. Ca promet !
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